jeudi 2 février 2012

Les nouvelles élites de l'Inde à l'école des bonnes manières

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NEW DELHI, 2 fév 2012 (AFP) - Nées grâce à la croissance économique et à l'expansion de la classe moyenne, plusieurs écoles se sont ouvertes en Inde pour enseigner l'étiquette aux chefs d'entreprise, épouses de banquiers ou personnalités politiques soucieux de perfectionner leurs bonnes manières.

"J'étais très introvertie et timide. J'avais du mal à converser avec le patron de mon mari et sa femme lors de rencontres informelles", avoue Saba Khan, 26 ans, dont l'époux travaille dans une grande banque internationale.

Cette jeune femme au foyer est l'une des élèves, en majorité de la gent féminine, de la Pria Warrick Finishing School, à New Delhi.

"Maintenant je suis prête à organiser une réception. De gros contrats sont parfois scellés lors d'un déjeuner ou d'un dîner. C'est très important de savoir comment s'habiller, manger, converser et même marcher correctement", assure-t-elle.

Lors de ces cours, elle a appris l'art de faire la conversation et de se tenir à table, comme d'amener la cuiller à sa bouche lorsqu'on déguste un potage, et non l'inverse.

Et bailler, roter ou se gratter le nez sont des gestes strictement interdits dans le livre d'étiquette de l'école Warrick. Et oui, ya besoin d'une école et d'un livre pour savoir ça...

A l'International School of Etiquette, un établissement similaire de la capitale indienne, les élèves sont également des femmes, mais désireuses de se donner toutes les chances dans leur carrière.

"La couleur noire indique l'opiniâtreté et l'autorité. Portez du noir quand vous voulez faire passer votre message. Privilégiez les couleurs chaudes, comme le rouge ou le jaune, si vous souhaitez paraître accessible", indique à ses élèves Monica Garg, la directrice de cet institut.

Les participants ont souvent reçu une éducation privilégiée et occupent des postes à responsabilité, mais il leur manque l'aisance dans un environnement professionnel de haut niveau, relève Monica Garg.

- le langage du corps -

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La croissance économique qui a ouvert à de nombreux Indiens les voies de l'ascension sociale, le nombre grandissant d'Indiens amenés à prendre des postes à responsabilités à l'étranger, dans des multinationales, ont créé une demande importante pour ces écoles de bonnes manières.

En Suisse, qui s'était fait une spécialité de ces "finishing schools", elles ont changé de clientèle, remplaçant les jeunes filles de la bonne société européenne à la recherche d'un mari pour des membres des nouvelles élites des pays émergents avides d'apprendre les usages occidentaux.

"Les gens sont de plus en plus conscients de l'importance d'avoir confiance en soi et de l'image qu'ils renvoient", souligne-t-elle.

L'enseignement couvre des domaines qui n'ont jamais été abordés dans l'école de commerce qu'a fréquentée Namrata Khanna, 24 ans.

"Je ne savais pas comment m'habiller pour un rendez-vous avec un client le week-end dans un hôtel cinq étoiles. Quel maquillage, quels vêtements je devais porter. Des talons hauts ou pas?", énumère la jeune femme. "J'ai beaucoup appris ici, même quelque chose d'aussi simple que de serrer la main. Il ne faut jamais tendre une main molle".

A la Pria Warrick Finishing School, des hommes politiques ont aussi franchi le pas.

Ils y apprennent à maîtriser le langage du corps, à savoir se comporter devant un riche donateur ou un paysan pauvre, à répondre de manière spontanée aux questions, explique la directrice, Pria Warrick, qui a appris le métier dans une école des bonnes manières en Suisse avant de créer sa propre établissement.

"Nous leur apprenons à faire face aux questions difficiles, à être fermes dans leurs réponses tout en restant aimables", dit-elle.

Très peu d'hommes et de femmes politiques en Inde ont recours à des consultants en images, souligne-t-elle. La plupart se borne à écouter les conseils de hauts fonctionnaires, "qui sont très intelligents, mais n'ont aucune idée de la manière dont il faut se présenter".

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