NEW DELHI, 14 mars 2012 (AFP) - Le ministre indien des Chemins de fer s'est engagé mercredi à ce qu'aucun passager ne trouve plus la mort en empruntant l'immense réseau ferroviaire du pays, hors d'âge et dangereux, un défi ambitieux au vu des nombreux accidents meurtriers enregistrés chaque année.
"Je m'engage à cibler le zéro mort", a lancé devant le parlement Dinesh Trivedi, lors de la présentation annuelle du budget concernant son important portefeuille. "Mon objectif est la sécurité, la sécurité, la sécurité", a insisté le ministre, voulant créer un réseau "solide comme l'or".
A cette fin, 601 milliards de roupies (9,2 milliards d'euros) ont été budgétés pour l'année 2012-2013, qui débute le 1er avril. Nettement plus polémique, les tarifs passagers et de fret seront augmentés pour aider au financement de la sécurité, une première depuis 2004.
Alors que le gouvernement de centre-gauche se targuait jusqu'à présent de laisser les tarifs inchangés au nom d'une politique sociale qui l'avait porté au pouvoir lors des élections générales de 2009, ce changement de stratégie a été vivement condamné par l'opposition et le propre parti du ministre.
Pour un voyage en seconde classe, la plus empruntée, un trajet entre New Delhi et Bombay (1.384 km) coûtera 27,7 roupies (0,4 euro) supplémentaires.
"La santé financière des chemins de fer n'est pas bonne. (...) Je ne peux pas garantir la sécurité si je n'ai pas d'argent", a résumé le ministre sur la chaîne d'informations CNN-IBN, espérant convaincre de l'utilité de cette hausse impopulaire dans un contexte où le gouvernement n'est pas en position de force pour adopter des réformes économiques.
L'amélioration de la sécurité passera par une meilleure signalisation, de meilleurs rails pour éviter leur rupture occasionnant les déraillements et l'introduction d'une centaine de nouveaux trains, dont 75 express.
Le réseau ferré indien, géré par l'Etat, transporte 18,5 millions de personnes chaque jour et reste le principal moyen de transport longue distance dans ce vaste pays de 1,2 milliard d'habitants, dont l'écrasante majorité n'a pas les moyens de prendre l'avion.
En matière de sécurité, les chiffres sont, pour l'heure, accablants pour un pays émergent souhaitant présenter son meilleur profil au monde.
On recense chaque année quelque 300 accidents, souvent meurtriers. Selon un récent rapport officiel, près de 15.000 personnes meurent chaque année rien qu'en traversant les voies, un chiffre que le gouvernement a qualifié de "massacre".
En 2009, 25.705 personnes ont au total trouvé la mort sur le réseau ferré, selon les dernières statistiques du bureau national des dossiers judiciaires (National Crime Records Bureau, NCRB), qui recense le nombre de morts par crimes ou accidents dans toute l'Inde.
Pour la seule ville de Bombay, les trains du réseau périurbain ont fait, au cours de la décennie passée, plus de 35.000 morts et autant de blessés, selon les chiffres officiels.
Les portes sont généralement ouvertes pendant la marche du train pour ventiler les voitures écrasées de chaleur et des grappes humaines voyagent entre les wagons ou sur les marche-pieds. Les victimes décèdent souvent dans des chutes, en heurtant des poteaux ou en traversant les voies.
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