NEW DELHI (Inde), 01 août 2012
(AFP) - Le black-out sans précédent ayant affecté la moitié de l'Inde mardi est
un cinglant rappel des insuffisances des infrastructures électriques et des
besoins urgents en nouvelles sources d'approvisionnement dans un pays émergent
qui se rêve en super-puissance.
La méga-panne, survenue à 13H00 locales (07H30
GMT) et pleinement réparée mercredi matin, a touché une zone s'étendant de la
frontière pakistanaise aux confins du Nord-Est près de la Chine, incluant la
capitale New Delhi, Calcutta et Lucknow. Lundi, un premier black-out avait
affecté 300 millions d'habitants.
Selon les autorités, ces deux
pannes au coeur de l'été sont le fait de plusieurs Etats qui ont dépassé leurs
capacités autorisées d'approvisionnement sur leur réseau et provoqué un effet
domino.
En Inde, où l'électricité
provient essentiellement du charbon en attendant la concrétisation de vastes
projets de centrales nucléaires, les coupures de courant sont très fréquentes:
aux heures de pic de consommation, l'offre est inférieure de 12% à la demande,
selon les chiffres de la commission au plan.
En manque de combustible,
handicapé par une technologie obsolète et l'attente d'autorisations
environnementales pour construire de nouvelles centrales, le groupe public Coal
India ne parvient pas à répondre à la demande.
Le pays voudrait faire passer la
part du nucléaire dans la production électrique de 3% actuellement à 25% d'ici à
2050 mais en attendant, des réformes urgentes sont nécessaires, jugent à
l'unisson analystes et entrepreneurs.
En tant qu'économie émergente
parmi les plus dynamiques, "il est impératif que nos infrastructures de base"
répondent aux aspirations des acteurs économiques du pays, a résumé le directeur
général de la Confédération indienne de l'industrie, Chandrajit Banerjee.
Selon les analystes, l'Inde
devrait faire respecter par des commissions locales d'électricité les quotas de
chaque Etat et améliorer le réseau de distribution pour éviter les situations de
crise.
Des pénalités financières sont
prévues en cas de dépassement des capacités autorisées mais ces amendes sont
aujourd'hui moins onéreuses que l'achat d'énergie sur le marché libre. L'Etat
devrait donc, selon les analystes, augmenter le prix de l'énergie sur le marché
réglementé.
Profitant de réseaux de
distribution obsolètes, les vols d'énergie par des branchements sauvages sont
aussi extrêmement fréquents et seuls de lourds investissements pourraient y
mettre fin.
Mais toutes ces mesures
entraîneraient pour le consommateur une envolée de sa facture d'électricité, un
choix nécessitant une volonté politique au moment ou le gouvernement est déjà en
proie au mécontentement populaire dû à une forte inflation.
Selon Seema Desai, analyste au
sein du groupe de recherche Eurasia Group, la facture pourrait s'alourdir de 40%
dans certains Etats.
Le cruel rappel des nombreux
efforts encore à fournir s'étalait mercredi en "Une" des journaux, qui
éreintaient de concert les autorités en estimant que les deux jours de chaos
électrique avaient suscité la risée à l'étranger.
Dans un pays où l'on ne plaisante
pas avec le sentiment de fierté nationale, les "Une" en disaient long sur
l'humiliation ressentie.
Le quotidien The Economic Times
enterrait les rêves de grandeur du pays par ce titre: "L'Inde superpuissance.
Repose en paix". Selon le journal, l'image de l'Inde comme place forte des
hautes technologies a pris "une raclée".
The Times of India titrait, lui,
sur un laconique "Sans courant et sans idée" avant d'offrir cinq pistes de
réflexion, dont le recrutement de régulateurs compétents en remplacement des
actuels fonctionnaires à la retraite.
Il moquait également la promotion mardi du ministre de l'Energie
à l'Intérieur, lors d'un mini-remaniement ministériel annoncé en plein
black-out: "C'est comme changer le capitaine du Titanic après avoir heurté un
iceberg", résumait-t-il.
2 commentaires:
Et on ferait pas mieux de réflechir à comment réduire la consommation, plutôt que de chercher de nouvelles sources d'approvisionnement ?
Merci Aurélien, si seulement tout le monde pouvait penser comme toi...
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