vendredi 16 décembre 2011

Un lot d'alcool frelaté fait plus de 120 morts dans l'est de l'Inde

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CALCUTTA, 15 déc 2011 (AFP)

Plus de cent vingt personnes sont mortes empoisonnées dans l'est de l'Inde après avoir bu de l'alcool frelaté pouvant contenir un solvant très toxique, tandis que de nombreuses autres ont été hospitalisées, ont annoncé jeudi les autorités locales.

"Le bilan s'est alourdi à 126 morts", a déclaré par téléphone Narayan Swarup Nigam, le responsable du district de Vingt-quatre Parganas, à 30 km de Calcutta, la capitale de l'Etat du Bengale occidental. La police a arrêté sept personnes en lien avec le drame, a-t-il ajouté.

Un précédent bilan faisait état de 102 morts.

Les victimes, pour la plupart des paysans ou des conducteurs de triporteurs trop pauvres pour s'acheter des alcools de marque, sont originaires de dix villages frontaliers du Bangladesh. Ils avaient acheté mardi de l'alcool dans des bars clandestins ou auprès de contrebandiers.

Les trois hôpitaux les plus proches ont en outre accueilli des dizaines de patients grièvement malades, ayant perdu connaissance ou se plaignant de douleurs abdominales et de brûlures à l'estomac.

Plus de 100 personnes étaient encore hospitalisées jeudi, dont un garçon de 12 ans qui aurait bu de l'alcool en pensant qu'il s'agissait d'eau, selon des sources hospitalières.

L'alcool fabriqué clandestinement est très consommé en Inde en raison de son prix attractif. Selon un habitant du district concerné, un demi-litre ne coûte que 6 roupies, soit 8 centimes d'euros.

Selon M. Nigam, du méthanol a été détecté sur au moins 20 victimes après autopsie, faisant craindre que ce solvant hautement toxique soit à l'origine des empoisonnements mortels.

Le méthanol, également utilisé comme carburant, est parfois ajouté à l'alcool local baptisé "moonshine" en petites quantités pour augmenter la teneur en alcool.

Mais ce produit peut rendre aveugle, voire entraîner la mort en cas de forte concentration.

"Du méthanol a été retrouvé dans l'estomac d'au moins vingt victimes. Il se peut que ce ne soit pas la seule raison de la mort. Nous enquêtons", a commenté auprès de l'AFP Chiranjib Murmu, le responsable de l'hôpital Diamond Harbour.

La chef du gouvernement du Bengale occidental, Mamata Banerjee, a annoncé l'ouverture d'une enquête et le versement de 200.000 roupies (2.800 euros) au titre de compensations financières pour chaque famille de victimes.

Elle a également annoncé l'arrestation de quatre personnes.

"Je veux prendre des mesures fermes contre ceux qui fabriquent et vendent de l'alcool illégal", a-t-elle affirmé.

La police a précisé que des habitants en colère ont mis à sac des distilleries locales.

Selon Johnson Edayaranmulah, le directeur du groupe de pression Indian Alcohol Policy Alliance, qui milite pour la mise en oeuvre de politiques responsables en matière de consommation d'alcool, les morts dues à des boissons frelatées sont monnaie courante en Inde.

Il a toutefois avancé l'hypothèse d'une erreur dans le produit rajouté, supposant que les producteurs aient pu prendre du méthanol pour de l'éthanol, moins toxique.

"On trouve de l'alcool clandestin partout en Inde. La loi n'est pas appliquée et il existe un lien contre nature entre les autorités -- police, hommes politiques, douanes -- et les contrebandiers", a-t-il accusé.

"La police accepte les pots-de-vin, les douaniers acceptent les pots-de-vin, tout le monde ferme les yeux. Cela montre que la corruption fait partie de l'état d'esprit indien".

Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2004, l'abus d'alcool est l'une des principales causes de mortalité chez les jeunes Indiens.

En juillet 2009, 43 personnes étaient mortes empoisonnées par de l'alcool frelaté dans le Gujarat (ouest), un Etat qui interdit la vente d'alcool.

En mai 2008, 168 personnes avaient succombé dans les Etats du Karnataka et du Tamil Nadu (sud).

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